jeudi 14 mars 2013

Utiliser la douleur pour se soulager.


Cette actualité n'est pas un plaidoyer pour les pratiques sadomasochistes. La douleur est une notion assez subjective. Imaginez vous cogner brutalement le petit orteil sur le pied d'une table. Une douleur si vive vous fait penser que vous l'avez peut-être brisé en deux. Vous le massez tout en pleurant et vous vous rendez compte qu'il n'est pas cassé ; plus de peur que de mal. À ce moment-là, votre cerveau peut carrément interpréter la douleur ... comme un soulagement ! 

Un chercheur s'est en effet penché sur le cas de « cela aurait pu être pire ». Il a recruté 16 volontaires et leur a annoncé la terrible nouvelle (après signature du contrat avec des petites lignes en bas ?) qu'on allait leur provoquer une douleur. On les a en effet exposé à différentes intensités de chaleur sur le bras durant 4 secondes. 

On a en réalité mis en place deux contextes. Dans le premier, la chaleur n'était même pas douloureuse ou seulement modérément : un peu comme tenir une tasse de café un peu trop chaude. Dans la seconde, la chaleur était était de modérément à intensément douloureuse. Bien entendu, dans ce contexte, la douleur modérée était le moindre mal. 

On demandait aux volontaires de donner leur impression et l'on scrutait leur cerveau placé en IRM. Évidemment, la chaleur intense provoquait des sentiments négatifs chez tous les sujets, mais la chaleur non douloureuse était perçue comme positive. 

 

Ce que les chercheurs voulaient savoir surtout était la réaction à la douleur modérée. Dans le contexte où la douleur modérée était la pire alternative, la douleur était trouvée déplaisante. Par contre, si c'était la meilleure alternative, les sujets voyaient la douleur comme positive… réconfortante. 

L'explication probable est que les volontaires étaient préparés pour le pire et quand la douleur était finalement plus faible qu'anticipée, ils ont ressenti un soulagement. Cela modifie une expérience négative en une sensation positive, réconfortante, voire proche du plaisir ! 

L'imagerie médicale a révélé comment le cerveau modifiait son processus. Lorsque la douleur modérée apparaissait finalement comme réconfortante d'après ce que disaient les volontaires, on constatait effectivement une activité supérieure à la moyenne dans les régions du cerveau qui sont associées avec le plaisir et le soulagement de la douleur et moins d'activité dans les régions qui traitent la nociception.  



« Quand le stress d'avoir 0 à son examen de chimie est plus grave que d'être fouetté par un nazi » 

L'exposition à un stimulus donné ne va donc pas donner le même résultat selon les individus et leur attente de la douleur. Pensons par exemple à ceux qui aiment la sensation brûlante des piments (ou le sadomasochisme). Le fait d'anticiper une alternative bien pire peut nous faire interpréter une douleur involontaire comme quelque chose d'agréable. 

On peut légitimement se demander en conséquence s'il faut avertir quelqu'un, par exemple dans le domaine médical, que l'expérience risque d'être assez douloureuse, alors qu'elle ne le sera probablement que peu. En fait, tout le monde ne réagit pas de la même manière ; c'est là le problème. Certains ne préfèrent pas du tout savoir pour ne pas stresser. Cette étude peut aussi servir à mieux traiter les dépendances.

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