Mais le plus grand calmar jamais attrapé est « une forme gélatineuse géante », inerte et très vulnérable face aux prédateurs, d'après un spécialiste des calmars qui l'a disséqué au mois d'août 2008.
La dissection de cette femelle d'une demi-tonne au musée de Nouvelle Zélande en avril laissait supposer qu'elle était une machine à produire des œufs, qui – comme pour la plupart des calmars – aurait probablement donné la vie au moins une fois avant de mourir, selon Steve O'Shea de l'Université de Technologie d'Auckland en Nouvelle Zélande.
Ce calmar, de 10 m de long et d'environ une demi-tonne, pris dans un filet de pêche aux alentours de l'Antarctique début 2007, contenait des œufs partiellement développés. Mais une fois à pleine maturité, il explique qu'elle aurait eu « des milliers et des milliers d'œufs » à l'intérieur de sa mante, une chambre dans la partie tubulaire supérieure de son corps.
Ce qui expliquerait pourquoi elle a été prise par des filets de pêche, plutôt que par une chasse active.
Un cousin pas aussi colossal
O'Shea, a mis l'accent sur le fait que la majorité de son travail était encore théorique : « les cycles de vie, les stratégies de reproduction, la couvaison des œufs, et tous les comportements de ce genre sont majoritairement inconnus, donc nous devons nous débrouiller avec l'exemple le plus proche pour lequel nous avons le plus d'informations. »
Pour lui, cet exemple est Teuthowenia pellucida, « un équivalent du calmar colossal avec un petit corps évoluant dans les eaux néo-zélandaises. »
Bien que sa taille soit de seulement 20 cm environ – alors que le calmar colossal est estimé à environ 15 mètres – Teuthowenia est « fondamentalement identique, » d'après O'Shea.
La femelle Teuthowenia fécondée transporte également « de très nombreux œufs » dans sa mante.
« Le mâle a un gigantesque pénis, très long – mais incroyablement étroit – avec lequel il insère des quantités de sperme directement dans la mante de la femelle » explique O'Shea. « Les têtes de ces spermatozoïdes explosent et fécondent individuellement les œufs à l'intérieur même de la mante. »
« Ce processus est confirmé » par Teuthowenia, selon O'Shea. « Il est évident qu'elle couve ses œufs à l'intérieur de la mante, et je ne pense pas qu'il soit tiré par les cheveux d'extrapoler cela au calmar géant. »
Des bébés luisants sont sortis
O'Shea spécule également sur le fait que, comme des milliers de petits calmars géants grandissent à l'intérieur de leur mère, ils développent les organes émetteurs de lumière appelés photophores, ce qui avait été confirmé par la dissection du mois d'avril. Cela pourrait poser un problème dans les sombres profondeurs où vit le calmar géant – à 1 980 mètres de fond.
« Elle est juste une proie posée là, » déclare O'Shea. « Personne ne veut pas être allumé comme un gigantesque chandelier de cristal. »
Ainsi, le prédateur naturel du calmar, le cachalot, savourerait un repas composé « d'œufs de calmar colossal en couvaison, très nutritifs. » ajoute-t-il.
Pourtant, dans une apparente défense évolutionnaire, la mante du calmar colossal est doublée d'une membrane d'un rouge profond, ce qui boucherait la lumière à ses bébés photophores.
Des bébés vivants ?
Les études précédentes ont suggéré que le calmar colossal pondait des œufs. Mais O'Shea spécule que les géants donnent naissance à des jeunes développés.
« Elle les garde en elle jusqu'à ce qu'ils aient atteint complètement leurs fonctions juvéniles, puis elle les expulse à de grandes profondeurs. Ensuite elle s'en va mourir. » dit-il. Bien que les cycles de vie des calmars des profondeurs ne soient pas bien connus, des espèces de calmars mieux étudiées sont connues pour mourir peu de temps après avoir donné la vie.
Rafraîchi par la dissection, le calmar colossal est maintenant en exposition au Musée de Nouvelle Zélande à Wellington.
Chris Paulin est le responsable des projets nature et environnement du Musée de Nouvelle Zélande à Wellington, là où le calmar colossal est dorénavant exposé. Il déclare qu'à la vue des cernes de croissance étudiées sur une autre espèce, le calmar géant, ce dernier ne vivrait que quelques années.
« Il est très probable que ce calmar colossal– en supposant que l'histoire de sa vie est similaire à celle du calmar géant – aie atteint cette taille en trois ou quatre ans. »
« Des tas de calmars »
La confirmation des habitudes du calmar colossal, pourtant, ne viendra seulement qu'à partir « d'autres spécimens et de la construction de nos connaissances de base... » déclare Paulin.
Devant le récent essor de la pêche commerciale à la légine (vendue en se faisant passer pour un bar) dans les mers Antarctiques, plus de spécimens de calmars colossaux vont être découverts, selon lui – surtout si la Nouvelle Zélande cautionne le fait que tous les animaux pris accidentellement soient ramenés au port avec les prises intentionnelles. On suppose que le calmar colossal fréquente les mêmes eaux profondes de l'Arctique que la légine, qui est apparemment l'une de ses nourritures favorites.
Paulin dit que les calmars colossaux pourraient être très nombreux : « si on va dans ce sens, un cachalot mange une tonne de nourriture par jour, et le calmar colossal représente environ 75 % de cette quantité. Je ne sais pas combien de cachalots se trouvent en Antarctique, mais ça représente un sacré paquet de calmars ! »
Source:notre-planete.info
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