samedi 14 juin 2008

Découverte d'un embryon fossilisé de 380 millions d'années!

AFP/WILLIAM WEST Une maquette de poisson osseux dont un embryon fossilisé a été trouvé dans la formation paléontologique de Gogo en Asutralie, le 28 mai 2008.


Des paléontologues australiens firent la découverte d’un embryon intra-uterin de poisson fossilisé rattaché au cordon ombilical. On estime que ce vertébré vivait il y a 380 millions d’années. Ce fossile appartient au groupe des placodermes et à une espèce non répertoriée à ce jour. Ce spécimen femelle mesurant 25 centimètres de long constitue la preuve de l’ovoviviparité de ce poisson, l’éclosion de l’œuf se faisant à l’intérieur de la mère.


Les placodermes dominèrent les mers durant une période approximative de 420 millions d’années. Soucieux d’effectuer une dernière vérification, les chercheurs procédèrent à l’immersion de ce fossile dans un bain d’acide durant trois mois afin de faire ressurgir une partie non visible.

Le recours à un appareil scanner et aux rayons X permit que se précise cette image stupéfiante du plus ancien embryon connu. Une série d’images par tranche acquises grâce à la tomographie servit à créer à l’ordinateur un visionnement en trois dimensions. Ainsi apparut l’embryon et son cordon ombilical au grand étonnement des chercheurs qui affirmèrent avoir trouvé la plus vieille maman du monde.

Afin de conclure à l’authenticité de cet embryon présent dans ce fossile, on procéda à des analyses écartant l’hypothèse d’un petit poisson avalé par un plus gros. En preuve de cette affirmation, on constata que les os du petit poisson ne furent aucunement broyés par le plus gros que l’on croyait à l’origine son prédateur et aucune trace de suc digestif ne fut retrouvé sur lui. Quelle découverte que ce fossile par lequel nous parvint un écho d’un temps passé.

"UN OEUF SANS COQUILLE"

Les chercheurs, qui publient leurs travaux dans la revue Nature, jeudi 29 mai, ont appelé ce nouveau poisson Materpiscis attenboroughi. Ils ont trouvé deux autres embryons chez un spécimen de placoderme déjà examiné précédemment et dont le nom est Austroptyctodus gardineri.

Durant le dévonien, période pendant laquelle vivait Materpiscis attenboroughi, la vie était surtout présente dans les mers. Et les placodermes, des poissons à mâchoire dont le squelette externe était constitué d'épaisses plaques osseuses, ont dominé les mers entre - 435 et - 365 millions d'années. Souvent appelés dinosaures des mers, ils pouvaient atteindre une taille de 6 à 7 mètres, mais ont disparu sans laisser de traces. Ils appartiennent au grand groupe des gnathostomes, qui comprend tous les poissons à mâchoires ainsi que tous les vertébrés terrestres, dont les hominidés.

Le dévonien est une période-clé de la vie, celle de la "sortie des eaux" : il y a 375 millions d'années, certains poissons osseux ont transformé leurs nageoires en membres pour se hisser sur la terre ferme. La découverte australienne est importante, car "jusqu'à présent, on avait bien découvert des juvéniles inclus dans des placodermes, mais on pensait que cela pouvait être des cas de cannibalisme", explique Philippe Janvier, paléontologue au Muséum national d'histoire naturelle et spécialiste des premiers vertébrés.

Dans le cas présent, le doute n'est plus permis, en raison de la présence du cordon ombilical. Après l'accouplement du mâle et de la femelle, suivi d'une fécondation interne, le "petit embryon se développait dans une sorte de membrane, un oeuf sans coquille", explique Philippe Janvier. "Au terme de sa croissance, le petit était expulsé et parfaitement autonome, poursuit-il. Au plan de l'évolution, on suppose que cela permettait au jeune de ne pas se faire dévorer par sa génitrice."

De nos jours, l'ovoviviparité existe chez certains requins et certaines raies. Mais la plupart des poissons se reproduisent en pondant des oeufs, qui sont ensuite fécondés par le sperme des mâles.

L'embryon et son cordon auraient pu passer inaperçus sans une ultime vérification des chercheurs australiens : ils ont décidé de tremper le fossile dans un dernier bain d'acide pour voir s'ils pouvaient mieux en dégager une partie. C'est à cette occasion que l'embryon et son cordon ombilical sont apparus. L'exceptionnelle conservation de Materpiscis attenboroughi a été rendue possible par certaines bactéries qui ont transformé ses tissus mous en phosphates de calcium.



Sources: Le Monde, Le Figaro

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