mercredi 20 février 2013

SCIENCES ET ETUDES !: "Agissons avant qu'il ne soit trop tard", les bonnes feuilles.


"Agissons avant qu'il ne soit trop tard", les bonnes feuilles

L'imam Hassen Chalghoumi dans son bureau de la mosquée de Drancy (93).

L'imam Hassen Chalghoumi dans son bureau de la mosquée de Drancy (93). Photo : SIPA

Dans "Agissons avant qu'il ne soit trop tard", à paraître le 14 février, l'imam Hassen Chalghoumi tire la sonnette d'alarme et lance un appel à la vigilance face aux dérives extrémistes. Metro a sélectionné les bonnes feuilles. 

Surveiller les dérives extrémistes
"Avant, il s'agissait de groupes, plus ou moins organisés. On pouvait avoir un œil sur eux. Aujourd'hui, ce sont des individus, des jeunes, on ne les voit pas toujours partir à la dérive. Tout le monde doit être vigilant, et notamment les parents. J'en appelle d'abord à eux! Les parents doivent veiller sur leurs enfants et les surveiller, les tenir d'abord loin de la drogue et de cette délinquance qui ruinent les vies et égarent les esprits. En ce qui concerne la religion, les parents peuvent être fiers de voir leurs enfants avoir la foi, mais il faut, là aussi, être attentif à l'état d'esprit de son enfant, écouter ses propos, sa façon de parler, sa manière de réagir, connaître les sites Internet qu'il consulte. C'est là parfois qu'on se rend compte du danger. C'est aux parents aussi d'associer l'amour de l'autre à la pratique religieuse, de tous les autres. Il faut expliquer l'islam, le vivre comme une libération, jamais comme un glaive. Si l'enfant jeune vit cela dans sa famille, il le conservera sûrement toute sa vie".
(pp. 42-43)

L'absence de patriotisme
"Il manque la fierté d'être français. Le patriotisme n'existe pas. Pour les jeunes dont on parle, qui sont nés en France, la France, ce n'est rien. Être français, cela veut dire à leurs yeux manger du porc et boire de l'alcool. Non, frérot, je ne suis pas un Breton, moi, je suis un musulman. Et ensuite, certains ajoutent : «Je suis algérien.» Les Algériens sont un cas à part. Pourquoi? Les chibanis1, quand je parle avec eux, me racontent qu'il est difficile pour eux de dire à leurs enfants : «Vous êtes des Français», parce qu'il y a le conflit avec leur passé, la guerre d'Algérie. Leur grand-père a été assassiné par des soldats... Ce qui fait que ce n'est pas simple pour eux. (…) Vous voyez qu'au milieu de tout cela les repères se brouillent, tout se mêle et la religion est investie de beaucoup trop de choses. Elle devient un signe de ralliement, et parfois une arme".
(p. 49)
1. Immigrés de la première génération arrivés dans les années 1960 ou 1970.


La nécessité d'un "islam de France"
"Notre pays, la France, a pensé que les vagues d'immigrés des années 1950-1960 allaient travailler puis repartir. Pour leur permettre de pratiquer l'islam, on a demandé aux pays d'origine d'envoyer des imams. (…) Mais la population musulmane s'est enracinée. Or, les habitudes n'ont pas changé pour la gestion du culte. Je sais que c'est difficile, il n'y a pas de clergé dans l'islam, pas vraiment d'interlocuteurs. Résultat : quand vous êtes géré par... par votre bled d'origine ou celui de vos parents, vous n'êtes pas poussé à vous plonger pleinement dans le bain français. Vous êtes algérien? Géré par le consul algérien. Vous êtes marocain ? Géré par le consul marocain. Personne n'a vraiment réfléchi sur ce que pouvait être un islam de France. Pardonnez-moi, mais la majorité des imams ne sont pas des citoyens : le type qui vient pour quatre ans avec son contrat, il n'est pas là pour l'équilibre, pour l'harmonie... (…) Là-dessus, on peut agir. N'attendons pas".
(p. 87)


Sur l'ingérence des imams étrangers
"Aujourd'hui, quelles sont les voix de l'islam en France? La grande mosquée de Paris? C'est une histoire algérienne depuis des années et des années. C'est le relais du pouvoir algérien en France. L'UOIF (Union des orga- nisations islamiques de France), qui se présente comme la plus grande des associations de musulmans? Ce sont les Frères musulmans. La FNMF (Fédération nationale des musulmans de France)? Ils sont liés directement au Maroc. Et puis il y a la Turquie, et les autres. Bref, chaque pays a ses relais. Or, ces institutions ou ces fédérations sont liées à la plupart des deux mille lieux de culte en France. Il y a, au passage, beaucoup d'argent à la clé avec la certification halal pour la viande ou encore l'organisa- tion des pèlerinages en Arabie saoudite, des millions et des millions d'euros. Qui peut imaginer qu'un imam qui vient du bled peut guider les fidèles pour les amener à pratiquer en bonne compréhension avec leur pays, la France ? Il s'en moque, l'imam. Qui peut imaginer qu'il va savoir parler de l'école, du voile, qu'il va connaître le Conseil d'État et tout cela, les lois ? La manière dont on éduque les enfants ici? L'imam, c'est celui qui guide, le mot vient de amma, qui veut dire guider. Chez nous, les musulmans, on dit qu'il est le berger. Il peut édicter des avis religieux. Vous vous rendez compte de la responsabilité? Et on va déléguer cela à des pays étrangers ? Ce n'est pas normal".
(p.93)



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