mardi 24 mars 2009

Le syndrome de Néanderthal fin.





Cela faisait plusieurs jours qu'il était parti de son clan pour aller chercher une compagne et parachever son initiation de chaman. Il était fils et petit-fils de chaman, et dans sa lignée, il y avait aussi des femmes qui avaient eu le don de parler aux Esprits et de guérir les malades. Il avançait dans la plaine, fier et droit, bravant les vents de la toundra glacée qui l'environnait. Bientôt, ses yeux aigus virent dans le lointain une fumée que le vent couchait presque au sol. Une mince fumée, signe qu'un foyer était allumé non loin de là. Des hommes. Amis ? Ennemis ? De toute façon, il était trop tard pour reculer, il était sur leur territoire depuis sûrement un bon moment, et on avait dû l'apercevoir depuis longtemps. Il s'avança donc ouvertement vers le foyer dont il voyait les flammes rougeoyer dans le lointain, et il découvrit les tentes arrondies d'un camp des gens de son peuple, les Rakhéïn. Il s'approcha, confiant, sachant qu'il serait bien reçu. Près du foyer, il y avait plusieurs silhouettes, dont l'une était dotée d'une très claire chevelure blonde, longue et ondoyante dans le vent cruel.

Fasciné, il avança, et découvrit des hommes et des femmes occupés à différentes tâches entre les tentes, à l'intérieur de celles-ci, ou autour du grand feu central dont la fumée l'avait attiré jusqu'ici. La longue chevelure blonde flottait toujours dans le vent, et elle appartenait à une jeune fille dont le souple corps flexible et gracieux offrait au regard une allure enchanteresse. La jeune fille se retourna en entendant arriver l'étranger, et leurs cœurs s'arrêtèrent de battre au même instant. Ses yeux plongèrent dans des yeux d'or insondables et immenses, et elle ne pouvait détacher son regard des lacs profonds des yeux du jeune homme aux longs cheveux ondulés et flamboyants qui lui faisait à présent face. Ils s'étaient figés, l'un et l'autre, foudroyés par un ravissement puissant qui ne tarda pas à faire naître sur leurs visages un large sourire tendre et amical.

"- Sois le bienvenu ici, étranger ! dit-elle, aimablement, d'une voix agréable.

- Merci ! Mais... Tu es le chef de ce clan ? demanda-t-il, étonné.

- Eh bien oui ! Pendant très longtemps, c'est vrai, notre peuple ne donnait presque aucun droit aux femmes mais c'était il y a bien longtemps ! Je suis la fille d'un chef, et les miens ont décidé, à sa mort, que je lui succéderai ! expliqua-t-elle, aimablement. Et toi, tu es chaman ! Ça tombe bien, car notre chaman, le pauvre, est bien vieux, et son apprenti est hélas mort accidentellement lors d'une chasse au bison ! expliqua-t-elle. C'était mon frère jumeau ! Voudrais-tu devenir notre chaman le temps de former un apprenti ? lui demanda-t-elle, aimable.

- Eh bien, je ne suis chaman que depuis peu, et je faisais justement un voyage pour accroître mon expérience et aussi pour trouver une compagne ! expliqua-t-il.

- Eh bien, peut-être en trouveras-tu une en restant parmi nous quelques temps ! Je suis Maïaka Maïn Bokhra akhr Traïnen Rakhéïn akhr Taïa Moïa. Sois le bienvenu ici ! lui dit-elle, prenant gentiment ses mains, avant de lui donner du sel et de l'eau, ainsi que cela se faisait.

- Je suis Alaï Taï Bokhr akhr Weren Rakhéïn akhr Hoïa Rinaïa, et, ainsi que je l'ai dit, je suis parti en quête de connaissances pour mieux aider les miens et aussi d'une compagne ! sourit le jeune homme, timidement.

- Allons, viens, tu resteras quelques temps dans ma tente ! dit la jeune fille.

- D'accord !", sourit-il.

Et il suivit la jeune fille jusqu'à la tente la plus vaste du camp, celle dévolue en effet au chef du clan.

"- Ma mère et mes frères et soeurs te feront bien une place ! Installe-toi comme si tu étais chez toi ! dit-elle, aimablement, soulevant le rabat de peau qui fermait la tente pour l'inviter à y entrer.

Le jeune homme pénétra dans un espace relativement vaste, cloisonné par des claies de bois tendues de peaux pour ménager un peu d'intimité pour tel ou tel endroit de la tente, et un jeune homme souriant, tout aussi blond que sa sœur à qui il ressemblait, lui désigna une litière confortable en lui disant :

"- Tu pourras dormir ici. Il y fait bon, et c'est calme. L'autre litière, c'est la mienne, et je ne ronfle ni ne parle tout seul la nuit, et les Esprits ne me font pas lever et marcher comme un fantôme non plus ! rit-il.

- Oui, eh bien, j'espère que je ne te dérangerai pas, parce qu'à moi, ça m'arrive souvent, de me lever en dormant ! rit Alaï.

- Ah oui, mais toi, tu es chaman, et c'est plutôt normal, dans ton cas ! dit le jeune gars.

- Oui, mais ça faisait peur à tout le monde, chez moi ! avoua, confus, Alaï.

- Oui, eh bien ici, c'est ma Rakha de soeur qui est la spécialiste, rit le jeune gars, désignant la chef de clan.

- Mais Maïaka a, je le crois, le même don que moi ! dit Alaï.

- C'est vrai. Elle devait être chaman, mais comme elle est l'aînée, elle a été désignée par notre père pour lui succéder, et donc, elle est aussi notre Rakha ! Et du coup, notre grand-père, le chaman, devra trouver quelqu'un d'autre pour lui succéder, et le moins qu'on puisse dire, c'est que tu tombes bien, toi ! Au fait, demain, on fera une chasse aux rennes. Ton aide sera appréciée, tu es un solide gaillard !", dit le jeune homme, riant, donnant une bourrade amicale à Alaï.

Il resta plusieurs lunes et même trois printemps dans ce clan, le temps de finir de tomber complètement amoureux de la très charmante Maïaka, qu'il aimait comme un fou et qui le lui rendait bien, de lui faire un enfant, de parachever sa formation de chaman, et de commencer à former un apprenti, en l'occurrence, une apprentie, pour succéder au grand-père de Maïaka.

Car, la veille, un messager hâve et épuisé était arrivé, à bout de souffle, au camp des Traïnen Rakhéïn akhr Taïa Moïa. C'était son jeune frère, Malaï !

"- Par Moïa, enfin je te retrouve, Alaï !!! Nous avons été attaqués ! Par des hommes comme nous n'en avions jamais vus ! Enfin, ça ressemblait à des hommes, sauf qu'ils étaient bâtis comme de grandes perches, tout en jambes et bras, et qu'ils avaient des figures toutes plates comme des bébés, mais ils étaient bien loin d'être aussi inoffensifs que des bébés !!! Malgré leur débilité physique, ils lancent des dards petits et ridicules, mais mortels malgré tout, à une distance incroyable ! Ils lancent ces armes avec des espèces de crochets ! Et ils visent bien, ces monstres ! Mais le pire n'est pas là... C'est qu'ils sont, comme ces maudits Garakoï dont parlaient nos ancêtres, des mangeurs d'hommes !!!".

Et là les choses se précipitèrent. Tous les jeunes gens courageux du clan de Maïaka, Maïaka à leur tête, d'ailleurs, décidèrent de partir à la rescousse du clan d'Alaï et Malaï !

Après dix jours de marche forcée, ils tombèrent sur des empreintes de pieds longs, légèrement imprimées sur la terre souple. Un être plus léger qu'eux était non loin de là qui les épiait... A peine eurent-ils fait ce constat qu'un trait d'une finesse remarquable et lancé avec une force et une vitesse étonnantes se ficha, en sifflant, dans le sol, après avoir effleuré le bras de Maïaka !

Et là, horreur, ils se retrouvèrent encerclés par les si bizarres étrangers qui puaient plus que charognes et étaient couverts de crasse et de peintures diverses ! Les pauvres Rakhéïn ne purent se mettre à couvert, les traits des assaillants les percèrent de toutes parts et les tuèrent avec une effrayante précision, touchant les coeurs et autres organes vitaux !

Vince se réveilla en sursaut, en un cri. C'était son propre cri d'effroi et de désespoir qui venait de le réveiller !

Il était baigné de sueur, le coeur battant la chamade. Encore cet épouvantable cauchemar qui le hantait depuis qu'il était tout petit ! Les gens qui l'avaient tué, lui et ses amis étaient les ancêtres de ceux qui l'avaient ressuscité !!! Quelle horreur ! Et ils avaient fait d'Alaï Taï Bokhr akhr Weren Rakhéïn akhr Hoïa Rinaïa Vince Mac Villard, fils de Jeffrey Mac Villard, citoyen de l'état de l'Orégon des États-Unis d'Amérique !

L'ancien chaman néanderthalien de la tribu des Rakhéïn et du clan de la Hoïa Rinaïa, la tribu des Hommes Braves du clan de la Rivière Blanche ou de la Blanche Rivière était devenu un phénomène de foire, l'aboutissement accompli d'une expérience scientifique démente, un enjeu économique hors de prix pour un trust multinational sans âme, enfin, c'est ce qui aurait dû arriver, si Wilford Priest n'avait eu, au dernier moment, des scrupules et ne s'était mis en tête de le protéger en l'isolant avec sa famille adoptive loin de tous, mais pas coupé entièrement du monde puisque, par vidéo et correspondance, via Internet, il suivait des cours à l'Université de Columbia ! Et comme il était curieux et tenait à connaître les enjeux dont il avait failli être l'objet, dont il pourrait être à nouveau l'objet si la protection du P.D.G. de Genetics Devilvalley Corporated venait à cesser, il suivait des cours d'anthropologie et de médecine, en parallèle avec des cours d'archéologie et de préhistoire ainsi que de paléontologie humaine. Il avait découvert la fascination-répulsion des modernes à l'égard des gens comme lui, et tous leurs préjugés pseudo-scientifiques qu'ils se jetaient mutuellement à la face à travers des thèses alambiquées aux argumentaires tordus étaient autant de blessures cruelles en son âme et son coeur...

Il avait tout juste quinze ans. L'âge auquel il était mort à son époque d'origine, dans sa première vie. Il était pleinement adulte, et à quinze ans, il était au même stade de maturité physique qu'un moderne de vingt ans. Intellectuellement, par contre, et en dépit de son crâne épais, aplati au petit front fuyant, il était doté d'une intelligence brillante.

Ses grandes facultés de concentration et une mémoire extraordinaire lui permettaient d'apprendre sans difficultés tout ce à quoi il pouvait s'intéresser. Et comme il était très curieux, quasiment tout l'intéressait. Plus il apprenait, plus il aimait apprendre. Avec son physique particulier, sa stature trapue -il mesurait à peine un mètre soixante dix pour un poids de cent kilos de muscles redoutables- on était très loin d'imaginer la formidable intelligence qui se cachait dans sa tête étrange. Et quelle tête ! Un front bas et incliné sur un crâne aplati et long, des sourcils en surplomb continu en double arc au-dessus de ses grands yeux superbes hésitant entre l'émeraude et le turquoise, des pommettes larges, un nez imposant, des joues creuses et une mâchoire auprès de laquelle celle d'Arnold Schwarzenegger eût paru d'une délicatesse diaphane, au menton fuyant, des sourcils épais d'un roux plus sombre que celui flamboyant de ses cheveux en crinière longue et touffue ainsi qu'ondulée, une bouche large, mais bien dessinée, et de grandes dents éclatantes mais de bonne taille, cette tête incroyable montée sur un cou d'aurochs et des épaules formidables de lutteur de foire, un torse profond et large, velu de bronze doré, des muscles noueux et des membres aux attaches épaisses, des mains d'étrangleur aux tendons saillants comme cordages, des bras et des jambes extraordinairement musclés qui lui donnaient une puissance physique équivalante à au moins celle de trois hommes modernes bien entraînés, lui conféraient l'allure d'un prédateur terrible, d'un fauve, d'une créature sauvage et inquiétante, et certainement pas celle d'un paisible étudiant à l'intellect singulièrement délié ! Et pourtant, derrière cette apparence magnifique de fauve humain, il se cachait une sensibilité extrême, une douceur exquise, une gentillesse réelle, et une bonté infinie. Vince ignorait la méchanceté, la cruauté gratuite, la violence sans raison. Il n'attaquait jamais, si on l'agressait, il se défendait calmement, tentant de raisonner son agresseur au préalable. Il n'avait recours à la violence qu'en cas extrême, et jamais gratuitement. Il était toujours d'humeur égale et paisible, souvent gai et joyeux, d'ailleurs. Les Mac Villard l'adoraient, et son amour pour eux ne s'était jamais démenti, se renforçant au fur et à mesure que le temps passait.

Prudence Mac Villard trouvait son drôle de fils préhistorique très beau, Mais Prudence n'était qu'amour, et elle voyait avec les yeux du coeur et de l'âme, et les différences de Vince lui apparaissaient plus comme des qualités que des défauts. Dans le secteur, l'étrange jeune homme blond-roux était connu pour être un coureur des bois et un amoureux de la nature qui avait appris à trouver de quoi vivre avec trois fois rien, comme il l'avait fait autrefois dans une époque lointaine, et très souvent, il avait secouru des voyageurs égarés, des randonneurs blessés qui revenaient de leur mésaventure en racontant qu'ils avaient été sauvés par un bigfoot domestique, propre sur lui et habillé !!!

Pauvre Vince ! Parfois, il disparaissait plusieurs jours dans la forêt et les montagnes, et souvent, il se laissait aller au désespoir le plus total ! Ses amis et les gens qui l'aimaient auraient été bien surpris de le voir alors, rencogné dans une anfractuosité rocheuse, ou sur la fourche d'un arbre, la tête dans ses énormes mains noueuses aux doigts spatulés, secoué de sanglots rauques et désespérés ! Il était seul. Seul et si différent des autres ! Les Mac Villard et les Indiens de la réserve voisine l'aimaient et le respectaient, ils étaient ses amis... Mais malgré tout, il n'était pas comme eux ! Les réactions d'effroi des étrangers qu'il secourait régulièrement étaient bien plus qu'éloquentes ! Les étrangers en le voyant en avaient peur, et pourtant, il n'y avait pas vraiment de quoi...


Alors, il demanda à Wilford Priest de convoquer les gens du Max Planck Institute et des préhistoriens connus, et de leur raconter toute l'histoire, et surtout, de le laisser parler, lui. Le P.D.G. du trust eut un peu peur, mais il accéda à la demande du jeune homme dont le regard fascinant et suppliant montrait une telle détresse qu'il n'osa pas résister.

Un mois plus tard, dans la base secrète de la Zone 51, Svante Pääbo, proche de l'âge de la retraite et Jean-Jacques Hublin, deux des savants extraordinaires et honnêtes du Max Planck Institute de Leipzig, John Hawks et Tim Lambert, qui avaient réalisé le documentaire Neandertal Code pour la National Geographic Society, Jacques Malaterre, Yves Coppens, Marylène Patou-Mathis et tout un tas de sommités du monde généticien et paléoanthropologue ainsi que préhistorien se retrouvèrent donc confrontés à la chose la plus démente qu'ils n'avaient jamais osé rêvé : V80 en muscles, en os, en cheveux, bel et bien vivant, et dans une forme olympique !

Monsieur Priest expliqua les méfaits dont son trust s'était rendu coupable, et d'ailleurs, il y avait des agents du FBI qu'il avait convoqués pour se livrer à la justice à cause de l'acte antiéthique auquel il s'était livré en ramenant à la vie ce pauvre Vince. Il raconta toute l'histoire, le vol de gènes et de chromosomes dont avait fait l'objet le Max Planck Institute, comment on avait réussi à concevoir Vince, ce qui s'était produit, bref, toute l'histoire dans sa totalité fut livrée à la curiosité intense des savants. La famille Mac Villard était là aussi, au grand complet, Madame Mac Villard serrant dans ses fines mains brunes l'immense battoir de son fils adoptif, comme si elle ne devait plus jamais le revoir.

Après l'allocution de Priest, ce fut au tour de Vince de raconter sa vie, et ses effrayants souvenirs d'autrefois. Nul n'avait osé douter de sa réalité, Vince ayant broyé sportivement plusieurs mains en les serrant amicalement lors des salutations d'usage, et de plus, son regard qui s'illuminait parfois étrangement au fil de ses pensées ou de ses émotions, ne permettaient nullement de douter de sa réalité. De plus, les vêtements simples qu'il portait, une chemise de bûcheron, un jean et un T-Shirt immaculés, des baskets blanches, semblaient prêts à éclater sous la pression des muscles presque effrayants du jeune homme.

Il se gratta doucement la gorge, et dit enfin, de sa belle voix profonde, sonore et pourtant douce :

"- Je n'ai pas demandé à naître. et encore moins à renaître, surtout au prix de plusieurs vies ! Je suis un être humain, un simple type qui n'a absolument pas sa place ici et maintenant. Je suis un monstre de la science, et je ne sais même pas si j'ai une âme. Ce que je sais en tout cas, c'est que j'éprouve les mêmes sentiments et émotions que vous, que je suis capable de reconnaître le bien du mal, que j'ai conscience d'exister et que je sais que je suis mortel. Vous, de l'Institut Max Planck, je vous supplie, au cas où quelqu'un irait à nouveau bricoler quelque chose à partir de mes gènes qui vous restent ou de ceux de l'un de mes malheureux congénères, de DÉTRUIRE ces gènes après vos expériences et vos recherches sur eux ! Parce que même si des gens m'aiment en dépit de mes différences, je suis unique en mon genre, et je suis effroyablement seul... Je suis désespéré, et je voudrais vraiment mourir ! Définitivement, cette fois ! La vie n'a aucun sens, pour moi ! Regardez-moi ! Ceux qui ne me connaissent pas ont peur de moi, et quelle fille de votre monde voudrait de moi ? Sans compter que je n'en ai trouvée aucune à mon goût, et quand bien même cela arriverait, m'aimerait-elle, elle ? Or, j'ai besoin d'aimer et d'être aimé, tout comme vous ! J'aimerais avoir des enfants et une femme, une famille aussi unie et belle que celle qui m'a vu naître il y a si longtemps ou celle qui m'a adopté ici et maintenant ! Or, je suis TOUT SEUL ! Je ne suis pas fait pour être tout seul ! Je suis né et j'ai grandi dans une tribu, moi, bon sang, je le sais, je m'en souviens ! Voilà d'ailleurs pourquoi même le clonage de vos contemporains serait une monstruosité, parce qu'on se souvient de sa première vie comme un film qu'on repasserait sans cesse dans votre tête et qu'il y a de quoi en devenir fou ! J'en deviens fou, d'ailleurs ! Parce que tous ceux que j'ai aimés sont morts, morts tués par vos propres ancêtres qui les ont mangés comme moi je mangerais un lapin de garenne ! D'ailleurs, c'est bien connu, l'homme de Néanderthal, c'est comme le lapin de garenne, sauf qu'il vivait à Néanderthal et non pas à garenne, et ce n'est pas Sacha Guitry, ce cinéaste et dramaturge français de l'entre-deux guerres et d'après la guerre qui me contredirait ! Vous auriez dû me laisser mort, bon sang ! Parce que des millénaires à présent me séparent de la femme que j'ai aimée, et de l'enfant que j'avais eu d'elle ! Des millénaires me séparent de mes vrais parents et de mes premiers amis : je vis dans un véritable enfer ! Alors, parce que même si je vous aime, même si vous avez fait beaucoup pour moi, je vous en prie, je vous en supplie, laissez-moi mourir en paix, loin de tout et de tous, et, surtout, dans l'oubli... Ne recherchez pas mon corps... Je ferai tout pour que vous ne puissiez jamais en récupérer le moindre chromosome... Adieu. Vos ancêtres et nous aurions pu nous entendre. Ils n'ont rien voulu savoir, et ça causera votre perte."

Et le jeune homme partit. Il prit les commandes de l'un des hélicoptères du trust et s'éloigna, loin, vers le Sud...

Le crash d'un des hélicoptères volés de la Genetics Devilvalley Corporated dans un des volcans de la Ceinture de Feu du Pacifique fut tenu secret. Ainsi disparut Vince, l'homme du passé, l'homme si différent et pourtant si semblable.

L'arrestation du P.D.G. du trust Genetics Devilvalley Corporated et de plusieurs membres de son conseil d'administration dont l'ancien nazi plus que centanaire entraîna le démentèlement de la multinationale et la fin de son monopole crapuleux sur quasiment toutes les cultures du globe.

Il y a une justice. Parce que, quand on ressuscite les morts, ils se vengent.

FIN.


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