mardi 27 janvier 2009

Les manchots empereurs disparaitront vers 2100

La fonte de la banquise prédite par les
modèles climatiques du GIEC (1) provoquerait la disparition des
manchots empereurs d'ici 2100. Tel est le résultat mis en
évidence par des chercheurs CNRS, en collaboration avec deux
équipes américaines (2). Inédites, leurs
données suggèrent que, face aux changements climatiques
à venir, les manchots empereurs, "acculés" en Antarctique
seraient particulièrement touchés par les
évolutions climatiques annoncées s'ils ne peuvent
s'adapter rapidement. Ces travaux sont publiés dans la revue
PNAS le 27 janvier 2009.






Quel est l'impact des changements climatiques sur les
écosystèmes marins ? A cette question tentent de
répondre différentes équipes françaises qui
participent au programme ANR (3) « Biodiversité REMIGE (4)
». Dans ce cadre, Henri Weimerskirch et ses collègues du
Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS) se sont
intéressés aux manchots empereurs, dont ils
bénéficient de données démographiques sans
équivalent. Localisé en Antarctique, cet oiseau de mer a
la particularité d'être extrêmement sensible aux
variations de la banquise ou glace de mer. Celle-ci fait office de
plate-forme pour la mue en été (janvier/février)
puis pour la reproduction en hiver, tout en leur assurant leur pitance
(essentiellement à base de calmars, essentiellement à
base de calmars, de poissons et de krill, toutes petites crevettes des
eaux antarctiques). La banquise leur est donc essentielle, tant pour se
reproduire que pour se nourrir, deux fonctions vitales pour la survie
de l'espèce.

Après
une baisse très importante à la fin des années 70,
le nombre de manchots empereurs s'est aujourd'hui et depuis quelques
années stabilisé. Mais, comment évolueront ces
oiseaux de mer au cours des prochaines années ? Pour en avoir
une idée, les chercheurs se sont appuyés sur le suivi
démographique, effectué entre 1962 et 2005, d'une colonie
de manchots empereurs située en Terre Adélie. Ils ont
alors combiné ces données aux modèles du GIEC
prédisant les variations futures de l'étendue de la
banquise en Antarctique. Et le résultat est quasi sans appel :
les manchots empereurs de Terre Adélie pourraient
disparaître d'ici 2100 si la banquise continue à fondre
comme annoncé. Plus précisément, les scientifiques
ont calculé que les effectifs de cette colonie allaient
s'effondrer de 93 %, passant de 6000 couples reproducteurs en 1962
à 400 d'ici la fin du siècle. Avec une probabilité
moyenne de s'éteindre égale à 36 % en 2100.

La fonte de la banquise, en lien direct avec la reproduction et l'alimentation des manchots
Les
prévisions du GIEC prévoient une
accélération de la dislocation des glaces de mer
hivernales entourant le continent Antarctique du fait du
réchauffement des températures. Un
phénomène qui, selon les auteurs, pourrait diminuer le
succès reproducteur des manchots empereurs, ces derniers ayant
de moins en moins de plates-formes stables pour se reproduire. En
outre, plus la glace de mer est importante, plus le krill, qui est
à la base des chaînes alimentaires antarctiques,
prospère. La fonte de la banquise provoquerait donc la
raréfaction des ressources marines dont dépendent les
manchots.

Pour éviter de disparaître, les
manchots empereurs doivent s'adapter (migration, changement de cycle de
vie...). Mais, ils semblent lents à modifier leur comportement,
ce qui les menace d'extinction. Au contraire, pour certaines
espèces d'oiseaux, essentiellement sub-antarctiques ou
sub-tropicales, ces changements climatiques se
révéleraient favorables. C'est notamment le cas de
certains albatros. Ces travaux suggèrent donc une
réorganisation des espèces au sein de
l'hémisphère Sud, en relation avec les évolutions
du climat dans les prochaines années.

Coordonnée
par le Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS), cette
étude a été menée grâce au soutien
logistique et financier de l'Institut polaire français
Paul-Emile Victor (IPEV), d'une bourse européenne Marie Curie
ainsi que de financements de L'OREAL-UNESCO et de l'ANR
Biodiversité REMIGE.



Notes :



(1) Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (en anglais, IPCC)

(2) Après une thèse effectuée au centre CNRS de
Chizé, Stéphanie Jenouvrier, premier auteur de cette
publication, est en post-doc au Woods Hole Oceanographic Institution
(USA).

(3) Agence nationale de la recherche

(4) Voir Consulter le site web





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