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Promouvoir cet articleEn 1941, alors que les nazis procèdent à l'élimination des juifs de Biélorussie, trois frères se réfugient au cœur des immenses forêts de la région. Bientôt rejoints par des centaines de rescapés juifs - hommes, femmes, enfants -, Tuvia, Zus et Asael Bielski établissent un camp mobile de partisans. Une poche de résistance à partir de laquelle les combattants, avec le soutien des résistants russes, organisent des opérations de sabotage contre les forces du IIIe Reich et leurs alliés locaux.
Au fil des mois, malgré des conditions de vie précaire, le froid, la faim et la menace constante des Allemands, une petite communauté juive s'organise, créant des ateliers, un hôpital, une école... Cette histoire véridique et largement méconnue en France est au cœur des Insurgés (Defiance), qui sort ce mercredi sur nos écrans.
Comédiens magistraux
Réalisateur de films historiques et engagés (Glory, Le Dernier Samouraï, Blood Diamond),
Edward Zwick parvient à nouveau à concilier l'exigence du propos et la
forme spectaculaire d'une production hollywoodienne. Certes, le souffle
qui habitait ses précédentes œuvres fait parfois défaut aux Insurgés :
une retenue qui tient probablement au sujet lui-même, la Shoah. Le
cinéaste n'évite pas non plus certains clichés de mise en scène ou de
situations.
Des défauts mineurs au regard de cette œuvre
ambitieuse. On reste fasciné par cette incroyable histoire de survie et
de résistance ainsi que par le destin de ces trois frères
magistralement interprétés par Daniel Craig, Liev Schreiber
et Jamie Bell. L'interprète de James Bond incarne avec intensité et
humanité Tuvia, qui se retrouve propulsé chef de maquis, chef de
village même. Une fonction et une responsabilité bien lourdes pour ce
paysan biélorusse, plus que jamais obligé de cacher ses émotions.
D'autant que face à lui, se dresse son propre frère, Zus.
Des trois Bielski, Zus est celui qui crie vengeance. Un combattant. Son envie d'en découdre fera vaciller la fragile "unité Bielski". Il fallait tout le talent de Liev Schreiber pour pouvoir ainsi tenir tête à Daniel Craig. Leur face-à-face donne à ce bon film un supplément d'âme.
Le point de vue d'une historienne
"Ce film m'a beaucoup touché, explique à LCI.fr Claire Le Foll, historienne et spécialiste de l'histoire des juifs de Biélorussie. Il est globalement assez juste et conforme à ce que l'on connaît des frères Bielski et de ce maquis. Les Insurgés rappelle que ce mouvement partisan a joué un grand rôle en Biélorussie : il était très bien organisé et très efficace." Les forêts de la région ont abrité une centaine de maquis familiaux juifs, précise l'historienne. Un héritage des groupes juifs
d'autodéfense qui se mettaient en place lors des pogroms, au début du
XXe siècle. Mais si la plupart de ces maquis n'était composée que d'une
ou deux familles, l'unité Bielski a réuni 100 individus en 1941, puis 400 au bout d'un an pour finir à 1.200 personnes en 1943 - des combattants à 70%.
L'autre intérêt du long-métrage, selon Claire Le Foll, est de montrer
la diversité de la société juive d'avant-guerre, avec d'un côté les
petites communautés juives rurales (shtetl) et de l'autre, des
communautés plus urbaines, acculturées. "Le dénominateur commun, c'était la langue et la culture yiddish", note-t-elle. Avant 1939, un million de juifs
vivaient en Biélorussie (alors répartie entre la Pologne et l'URSS).
800.000 d'entre eux ont été exterminés. Aujourd'hui, la communauté
juive de Biélorussie est estimée entre 40 et 70 .000 personnes selon
les sources.
"La plus grande inexactitude du film, relève la spécialiste, c'est qu'il tend à gommer le rôle des Soviétiques : [l'unité] dépendait directement de l'Armée Rouge." A l'inverse, l'œuvre d'Edward Zwick "fait écho à une certaine guerre de la mémoire en Europe orientale", souligne Claire Le Foll : Les Insurgés rend hommage à l'action des frères Bielski
alors que des enquêtes menées par les autorités polonaises et
lituaniennes les accusent d'avoir participé à des crimes de guerre
contre la population civile. D'où la polémique suscitée en Pologne par
le film et la biographie dont il est tiré.
Claire Le Foll a notamment préfacé le livre de Joseph Kuszelewicz, Un Juif de Biélorussie de Lida à Karaganda, publié aux éditions L'Harmattan.
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