vendredi 19 décembre 2008

Louis XVI, les mensonges de l'histoire

DINotoxtrA, la mémoire de l'Histoire des Hommes
L'image d'Epinal est dans tous les esprits : Louis, en bras de chemise, cheveux en bataille, affairé en sueur à sa forge dans les combles de Versailles, frappant le fer ou limant une serrure. S'il n'est pas à son atelier, il passe son temps à la chasse, conjurant une obésité menaçante par de rudes exercices physiques. « Le pauvre homme ! » dira de lui sa femme, Marie-Antoinette, à qui il sera incapable de faire un enfant durant sept ans. Ce monarque débonnaire, bien intentionné, certes, mais lourd, apathique, dramatiquement faible, est surpris et saisi par la bourrasque révolutionnaire. Prisonnier d'une éducation traditionnelle, il prépare alors la réaction, avec la complicité des émigrés, trahissant son propre pays et le précipitant dans la guerre. Il meurt guillotiné à 38 ans, sans avoir rien compris des temps nouveaux...
Or, plus qu'une caricature grossière, ce portrait est foncièrement erroné. La personnalité de l'homme est difficile à cerner. « Deux boules de billard huilées que l'on s'efforcerait en vain de tenir ensemble », dit son frère le comte de Provence. Il a le culte du secret. « J'aime mieux, dira-t-il à son avocat Malesherbes , laisser interpréter mes silences plutôt que mes paroles. »
Loin d'être un benêt, il est intelligent, cultivé, possède une mémoire prodigieuse. Il connaît bien l'anglais, lit les journaux de Londres et s'intéresse aux débats de la Chambre des communes. Il a un goût prononcé pour la marine, domaine dans lequel il a acquis de remarquables connaissances. Il joue un rôle déterminant dans la reconstitution de la marine royale, qui contribue à la victoire sur l'Angleterre et à l'indépendance américaine.
Il aime sans doute la chasse, mais prise aussi la lecture, se passionne pour les sciences, pour la géographie. C'est lui qui rédige en partie les instructions de La Pérouse. L'analyse de sa correspondance révèle des capacités remarquables en politique étrangère, où il peut en remontrer à son ministre Vergennes. Il sait faire preuve de grande fermeté, notamment vis-à-vis de l'Autriche, malgré les pressions de sa femme.
Cela dit, il ne faut pas occulter ses faiblesses, sa timidité maladive, son caractère influençable, sa difficulté à s'arrêter à une décision et à s'y tenir. Excellent dans la connaissance, savant, intelligent, intuitif, il pèche souvent dans l'action.
Une expérience novatrice.
Mais cessons d'en faire un réactionnaire borné ! De son avènement, en 1774, à la réunion des états généraux en 1789, conscient de la nécessité de moderniser l'Etat, il n'a eu de cesse de vouloir réformer son royaume. Il fait adopter un statut pour les protestants, prend des mesures en faveur des juifs, abolit la torture. Il encourage l'expérience libérale de Turgot. Surtout, en 1786, il investit toute son autorité dans l'expérience Calonne, visant à promouvoir au moins en partie l'égalité fiscale, ce dont ne veulent ni les parlements ni la majeure partie de la noblesse. Contre cette expérience novatrice se lève une violente réaction aristocratique. Son rejet par l'Assemblée des notables en 1787 est le tournant du règne : il plonge le roi dans un état de profonde dépression et lui fait perdre totalement confiance en lui.
L'alliance entre le trône et le peuple contre les féodalités nouvelles, que souhaitait le roi, a échoué. La monarchie, souffrant d'un tragique déficit de communication, a toujours manqué de relais au sein de l'opinion. Louis XVI aurait pu être le meilleur roi possible pour la Révolution. Il a finalement été rejeté par elle. L'accaparement par les états généraux, devenus Assemblée nationale, de la plénitude de la souveraineté (les 17-20 juin 1789) ne laisse aucune place à une construction équilibrée-comme l'a réalisé la Révolution anglaise de 1688, qui a limité concrètement le pouvoir royal sans se poser la question de la souveraineté. L'échec de la monarchie constitutionnelle, l'absence de contre-pouvoirs dès le commencement sont, hélas, à l'origine des terribles dérives autoritaires et sanguinaires qui suivront
*Auteur de « Louis XVI » (Perrin).

1 commentaire:

  1. Eh oui, c'est là le tragique destin des stars : elles sont victimes de leur image. Et on leur colle une image très souvent erronée...
    De toute façon, quelle que soit la réalité de Louis XVI, les gens en avaient plus qu'assez, d'être des gueux corvéables à merci, et le ras-le-bol général de l'époque atteignait un tel degré que s'il avait inventé la démocratie et le suffrage universel, s'il avait abdiqué de son plein gré, ça n'aurait rien changé, probablement, hélas !
    Ca ne vous rappelle rien ?
    Tinky :-)

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