Les Canonniers sédentaires de Lille ou cinq cents ans d'histoire de la ville
Unique descendant français des confréries militaires, le bataillon des Canonniers sédentaires de Lille est aussi l'un des plus anciens corps d'artillerie d'Europe. Il est, en effet, plus que cinq fois centenaire. Son histoire est en outre étroitement liée à celle de Lille. Voici pourquoi.
En obtenant son affranchissement en 1235, la ville doit assumer la lourde charge de l'édification, de l'entretien et de la défense des remparts. Ville frontière depuis le Traité d'Arras en 1482, la capitale des Flandres doit impérativement se doter d'un corps d'artillerie permanent. Le 2 mai 1483 est ainsi créée la Confrérie des canonniers et couleuvrinniers (1), également appelée Confrérie de Sainte-Barbe.
Citée à l'ordre de la Nation
Au fil du temps et des guerres, les canonniers participent aux nombreux sièges de Lille. Ainsi, en 1667, s'étant rendu maître des lieux, Louis XIV loue l'habileté et la bravoure des canonniers, qui lui ont ardemment résisté. Versés dans la Garde nationale, les canonniers constituent en 1792 la cheville ouvrière de la résistance lilloise face aux Autrichiens contraints de lever le siège : Lille est ainsi la première ville de France à être citée à l'ordre de la Nation. En reconnaissance de leur brillante conduite à cette occasion, Napoléon Bonaparte réorganise leur bataillon le 31 août 1803. Il leur fait également don d'une aile de l'ancien couvent des soeurs urbanistes, où est toujours installé aujourd'hui le musée des Canonniers (2). Il rassemble plus de 1 500 pièces de collection et les portraits de deux personnages emblématiques de l'histoire du bataillon : le capitaine Ovigneur et le général Négrier.
Cité à l'ordre de l'artillerie de la place pour sa défense de Lille durant la guerre de 1870, le bataillon est alors incorporé dans l'armée territoriale en 1875. Lors de la Première Guerre mondiale, il fait l'objet d'une citation collective pour sa participation à la défense du secteur Est de Dunkerque. En 1939, les canonniers sont répartis dans les batteries de la défense antiaérienne de Lille-Roubaix-Tourcoing.
À l'occasion de son 500e anniversaire, en 1983, le bataillon est réorganisé en tant qu'unité de réserve avant d'être reconnu comme corps de mobilisation de l'armée française, en 1989. Il reçoit à cet effet un nouvel étendard auquel sont dus les honneurs militaires, à l'image des corps de l'armée d'active.
Fondée en 1993, l'institution du BCSL a désormais en charge le maintien des traditions historiques du bataillon, en liaison avec la ville de Lille et les autorités militaires, notamment le 43e RI, avec lequel a été signée le 8 mai 2000 une charte de partenariat.
Compte tenu de son histoire atypique, le bataillon des Canonniers sédentaires a la particularité d'avoir un chef de corps et un président de conseil d'administration, le colonel Jean-Marie Lesaffre. •
> - (1) Vient de couleuvrine, un canon ancien dont le tube était long et effilé.
- (2) Il est situé dans la rue éponyme, mais l'entrée se fait par la rue des Urbanistes. Actuellement ouvert du lundi au mercredi, de 14 h à 17 h.
Tél : 03 20 55 58 90.
source:La voix du nord
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