Près de 40.000 pièces de monnaies romaines ont été retrouvées dans un jardin, en région parisienne, près d’Arpajon. Ce trésor a été enterré à une époque économique difficile pour l’Empire. Les explications de Bruno Foucray, conservateur régional de l’archéologie d’Ile-de-France.
Un trésor de pièces de monnaies enfoui au troisième siècle de notre ère a été découvert dans l’Essonne, près d’Arpajon, dans le jardin d’un pavillon. Pas moins de 80 à 90 kilogrammes de pièces avaient été enterrées vers 280-283 (après JC) dans deux jarres de céramiques ventrues, ont expliqué ce matin les archéologues de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Ile de France.
Il s’agit d’une découverte fortuite –et non de fouilles préventives. En effet, les nouveaux propriétaires de la maison avaient lancé des travaux de terrassement dans le jardin. C’est ainsi que la première céramique, contenant au moins 15.000 pièces, a été éventrée. Les services de la Drac ont été prévenus et sont intervenus avec des archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). La seconde jarre, mesurant environ 50 cm de haut pour un diamètre maximum de 40 cm, a été prélevée en l’état et sera étudiée méthodiquement en laboratoire.
Au total, les deux céramiques contiendraient 30.000 à 40.000 pièces, essentiellement des pièces de cuivre contenant très peu de métal précieux (moins de 1% d’argent). Les pièces ont été émises entre 260 et 274, estiment les archéologues. Elles datent d’une période économique difficile pour l’Empire gallo-romain, précise Bruno Foucray. «Pour émettre plus de monnaies, l’autorité romaine jouait sur la quantité de métal précieux», explique le conservateur régional de l’archéologie d’Ile-de-France. Une partie du trésor est constitué d’antoniniens, des pièces qui étaient à l’origine frappée en argent mais qui, en ces périodes de crise, contenaient de plus en plus de cuivre, comme celles retrouvées à Arpajon.
Les deux-tiers du trésor sont des monnaies datant des derniers Empereurs gaulois sécessionnistes (entre 264 et 279 ap. JC), et proviennent des ateliers de Trèves et de Cologne. L’autre partie est constituée de monnaies émises par Rome. Certaines pièces sont des imitations, relève Bruno Foucray, signe des besoins en liquidités d’une économie monétisée.
Véritable trésor pour la connaissance archéologique, la cagnotte d’Arpajon est-elle aussi un trésor pour les propriétaires de la maison? En cas de découverte fortuite, la moitié de la valeur revient au propriétaire du terrain, l’autre moitié au découvreur –en l’occurrence ce sont les mêmes. Pour l’économie de l’époque, ces 90 kilos de pièces équivalaient –d’après ce que les archéologues peuvent en voir- à 500 ou 600 grammes d’or, estime Bruno Foucray. Les pièces romaines n’ont pas de cours actuel, seule la valeur numismatique de certaines pièces, celles qui sont cotées par les collectionneurs, peuvent donner de la valeur au trésor.
Pour les archéologues, il est souhaitable que l’Etat ou une collectivité locale se porte acquéreur du trésor d’Arpajon afin de conserver l’intégralité de cet objet d’étude archéologique.
Sciences-et-Avenir.com
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