vendredi 17 octobre 2008

Un peuple en voie d’extinction


Partie de chasse dans la forêt du Congo. Des femmes pygmées installent leurs filets. Elles lancent une battue pour faire fuir et piéger les animaux. Mais le gibier devient rare. Les Pygmées ne sont plus seuls dans cette forêt. "A présent, les bantous viennent chercher des feuilles et du bois pour construire leurs maisons", raconte Mokala Tshimosi, chasseuse. Les Bantous utilisent le bois à la fois pour cuisiner et construire des maisons. C'est la première cause de déforestation en Afrique centrale. Elle poursuit : "Cela fait fuir le gibier. En plus, ils nous forcent à travailler pour eux et ils nous battent ".


Les Pygmées sont employés par les Bantous, la plupart sont des exploitants. Pour unique salaire, ils reçoivent ces étoffes, une pièce contre 30 jours de travail. "Le travail est dur. Mais on n'a pas d'outils et on n'a pas de terres. On ne possède rien et on est obligé de travailler pour eux. Le salaire est nul. Et on travaille durement", raconte Mwasa Savirungay, travailleuse journalière.

Autrefois les Pygmées étaient nomades. Des textes vieux de 5 000 ans témoignent déjà de l'existence des Pygmées. Mais les légendes forgées par les poètes grecs de l'Antiquité les présentent comme des sous-hommes. A présent, la plupart se sédentarisent à l'entrée des villages bantous. "On n'a jamais vu un bantou qui peut accepter de faire de tels travaux, c'est pourquoi nous utilisons des femmes et des enfants pygmées", se défend Théophile Lusamba, propriétaire du champ.


Des enfants pygmées non scolarisés


Les enfants pygmées ne vont pas à l'école. Ils défrichent les champs sous l'œil de leur propriétaire : " Il faut défricher par ici !", lance Henri Lokula, propriétaire terrien. "Nous travaillons ensemble. Avec des Pygmées, avec des enfants, nous sommes en collaboration. On leur donne des étoffes, à manger, toutes sortes de choses que nous trouvons, nous leur donnons. S'ils font du mal, il faut les fouetter."


Mais au village, l'école n’est pas accessible à tous. Seul celui qui a étudié peut espérer un changement. Les autres doivent se contenter de travailler dur, pour à peine cinquante euros par mois. Ce qui veut dire que leur salaire est insuffisant pour faire soigner leurs enfants.

Ce jour-là, Ifumi Ingunda enterre son neveu. Le petit Mukeni avait à peine trois ans. "Ici, à Boteka, il y a beaucoup d'enfants qui meurent de maladie, explique-t-il. Surtout à cause de la malaria. Nous constatons que les Pygmées meurent à cause de la malnutrition car n'y a pas assez d'argent pour acheter la nourriture." Selon une estimation de l'agence Unicef, près d'un enfant pygmée sur trois meurt avant l'âge de cinq ans.

Des pygmées ont trouvé des emplois

Le fleuve Congo est l'autoroute de la région. Il permet, avec ses affluents, d’extraire les richesses de la forêt, et aussi aux 200 000 Pygmées de sillonner l'Afrique centrale en se jouant des frontières héritées de la colonisation.


Au sud de la Centrafrique, Bagninga est pisteur. Ici, les Pygmées sont employés par une organisation de protection de l'environnement. Ils protègent les éléphants et les gorilles contre les braconniers. C’est un emploi qui lui permet, ainsi qu’aux autres Pygmées qu’on appelle ici Akas, de descendre en ville et de participer à la société de consommation. Mais beaucoup d’entre eux dépensent leur salaire dans l'alcool. C’est devenu un véritable fléau chez les Pygmées.


Aujourd'hui, la forêt recule et les Pygmées sont en contact rapproché avec leurs concitoyens. Mais le plus difficile reste à faire : que les membres du plus vieux peuple du monde soient acceptés comme des citoyens à part entière.
Source:France 24



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