jeudi 2 octobre 2008

Les secrets du mécanisme d'Anticythère



Le fameux mécanisme d'Anticythère a livré quelques-uns de ses secrets à une équipe travaillant avec acharnement depuis plusieurs années. Ce n'était pas une horloge mais un calculateur de position de la Lune, du Soleil et peut-être de planètes. Sa technologie, plus complexe que prévu, laisse songeur.

Avec au moins trente engrenages, ce mécanisme en bronze construit par les Grecs et daté du premier siècle avant Jésus-Christ est l'objet technique le plus sophistiqué qui nous soit parvenu de l'Antiquité. Trouvé en 1900 par un pêcheur d'éponge dans une épave au large de l'île d'Anticythère, entre le Péloponnèse et la Crète, il a beaucoup souffert des deux millénaires passés sous les eaux et se trouve aujourd'hui fragmenté en trois blocs quasiment fossilisés.

Une longue succession de scientifiques est attachée à cet instrument depuis que l'archéologue Valerios Stais a découvert les engrenages en 1902. Dans la liste des contributeurs figure Jacques-Yves Cousteau qui, en retrouvant des pièces de monnaie dans l'épave, a permis de dater l'objet, au moins approximativement. Dans les années 1950, Derek de Solla Price, physicien britannique, parvient à dégager quelques éléments et met à jour de minuscules roues dentées mais aussi des aiguilles et des cadrans. L'instrument porte de nombreuses inscriptions, manifestement relatives à l'astronomie.


Mike Edmunds, astrophysicien, et Tony Freeth, à la fois mathématicien et cinéaste, se sont beaucoup dépensés depuis six ans pour étudier cet objet énigmatique. Avec l'assistance de XTec, une société britannique, ils ont mis au point un tomographe à rayons X spécialement conçu (et pesant douze tonnes !) puis ont fait appel à HP, qui avait auparavant développé une méthode pour analyser les inscriptions cunéiformes gravées dans la pierre.

Calculateur astronomique

Les conclusions viennent d'être présentées lors d'un colloque à Athènes et publiées dans Nature. Le mécanisme a pu être en partie reconstitué. Mis en mouvement par une manivelle (ou peut-être un système hydraulique), il ne peut pas faire office d'horloge. En revanche, les mouvements de ses aiguilles reproduisent le mouvement du Soleil et de la Lune avec une précision surprenante. La partie la plus spectaculaire se compose de deux disques superposés mais légèrement décentrés, l'un entraînant l'autre. A cause du décalage des deux centres, un mouvement régulier du disque entraîneur produit un mouvement irrégulier de la roue entraînée. Cette variation de vitesse reproduit exactement les accélérations et les décélérations du mouvement apparent de la Lune selon qu'elle est plus proche ou plus éloignée de la Terre. Cet instrument permet ainsi de prédire le mouvement du Soleil et de la Lune et par exemple de prévoir les éclipses. Les auteurs soupçonnent, mais sans pouvoir le prouver, que ce mécanisme reproduit aussi le cycle de quelques planètes.

Qui a bien pu concevoir cet instrument, que l'on peut qualifier de calculateur ? Aucun autre mécanisme de ce genre n'est connu dans l'Antiquité et il faudra attendre plus d'un millier d'années pour qu'apparaissent en Europe des horloges astronomiques aussi sophistiquées. L'astronome grec Hipparque ayant décrit les variations du mouvement de la Lune, lui ou ses disciples sont soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la construction de cet engin, d'autant que le célèbre astronome vivait sur l'île de Rhodes, dont pourrait provenir le navire qui a sombré devant Anticythère.

Source:futura-sciences






Pour Xénophon Moussas, directeur du laboratoire d'astrophysique de l'université d'Athènes, qui participe aux investigations en cours sur le disque: «La pièce grecque est beaucoup plus complexe que tous les astrolabes connus, puisque l’un des astrolabes les plus sophistiqués que l'on connaisse, conservé à Londres, au British Museum, ne comporte comparativement, que quelques engrenages et roues à dents.» . Il indique dans ce même article: «Nous avons pu découvrir de nouvelles inscriptions en grec, sur les pièces du mécanisme ou sur des fragments de feuilles de bronze et ainsi déchiffrer plus de 2000 lettres contre seulement 900 pour Price. Ces textes, qui comptent au total un millier de caractères, sont à la fois un mode d'emploi de l'appareil et un traité d'astronomie, faisant référence aux étoiles. Chaque semaine nous en apprend un peu plus», s'enthousiasme-t-il. Quatre cadrans «au moins» — et non pas trois — indiquent les positions du Soleil et de la Lune, ainsi que, pour le plus petit des cadrans, les phases de notre satellite.

«Nous sommes sûrs aujourd'hui qu'il s'agissait d'une machine à calculer les mouvements du Soleil et de la Lune, peut-être aussi — nous n'en sommes pas certains — ceux de quelques planètes. Cependant, le terme d'horloge astronomique me paraît toutefois inapproprié, le mécanisme étant apparemment actionné par une manivelle.»

Bien qu'au sujet de cette manivelle, il soit encore probable qu'il s'agisse d'un simple remontoir mécanique. D’autres part, la forme des caractères, comparée à celles d'autres inscriptions de la même époque, conduit les experts à dater la pièce de la fin du IIe siècle avant notre ère.

Source:Wikipédia

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