mercredi 17 septembre 2008

Une étrange fourmi.


Photographie du seul exemplaire capturé à ce jour de Martialis heureka. Crédit Université du Texas (Austin)

Un groupe de chercheurs conduits par le biologiste Christian Rabeling, de l’Université du Texas à Austin, a par hasard déniché une discrète fourmi souterraine qui pourrait être un des ancêtres de toutes les variétés contemporaines.

Cette fourmi a semblé si curieuse à ses découvreurs qu'ils l'ont baptisée Martialis, c'est-à-dire de Mars, créant ainsi au passage un genre nouveau. Martialis heureka, de son nom complet, ne mesure que 2 à 3 millimètres et vit dans, ou plutôt sous, la forêt amazonienne. Cet insecte est complètement aveugle, sans pigment, et sa tête est prolongée d’une mandibule démesurément longue. Ainsi accoutrée, elle est parfaitement adaptée à une vie entièrement souterraine, un des motifs de son incognito… jusqu’à aujourd’hui.

Un seul exemplaire de cet insecte a été découvert en 2003, que Christian Rabeling et ses collègues ont aussitôt classé, non seulement dans un nouveau genre mais aussi dans une nouvelle sous-famille dont elle est la seule représentante, la 21e. Il s’agit d’ailleurs de la première sous-famille comportant des spécimens vivants découverte depuis 1921 (d’autres ont depuis été créées pour des fossiles).

Proche de l'ancêtre

« Considérant sa position phylogénétique probable à la base de l’arbre évolutif des fourmis, Martialis heureka pourrait avoir conservé certains vestiges morphologiques ancestraux. Cette découverte suggère qu’il existe encore de nombreuses espèces, d’un grand intérêt évolutif, qui sont encore cachées dans le sol des forêts tropicales », s'enthousiasme le biologiste.

Les fourmis sont le fruit de l’évolution, voici 120 millions d’années, d’insectes apparentés aux guêpes qui se sont ensuite transformés en de nombreuses lignées spécialisées à la vie souterraine, arboricole ou mixte, entre autres. L’analyse de l’ADN de Martialis heureka a confirmé sa position phylogénétique à la base de l’arbre des fourmis.

« En nous basant sur les données que nous possédons et sur les fossiles, nous pouvons déduire que l’ancêtre de Martialis heureka était apparenté à l’espèce Sphecomyrma que l’on découvre sous forme d’inclusions dans des blocs d’ambre fossile du Crétacé, connue pour être le chaînon intermédiaire entre les guêpes et les fourmis », poursuit le chercheur.

Cette nouvelle pièce du puzzle a probablement été conservée quasiment intacte grâce à sa présence dans les sols tropicaux formant un microclimat relativement stable et la maintenant à l’abri d’espèces concurrentes. Martialis heureka devrait permettre de mieux cerner et comprendre le processus évolutif de la famille des Formicidés, qui tiennent un rôle écologique primordial sur cette planète.

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