mercredi 17 septembre 2008
Les excès de la pêche au thon rouge.
Un nouveau rapport dénonce les excès de la pêche au thon rouge
Un rapport de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) relance le débat sur le dépassement des quotas de pêche sur le thon rouge. Les appels à une suspension de la pêche au thon rouge se multiplient pour protéger une espèce en voie d'extinction.
Faut-il suspendre la pêche au thon rouge ? C'est la conviction de Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France, qui demande "un moratoire de trois à cinq ans sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines où toute pêche serait interdite pour protéger les nurseries de Méditerranée indispensables à la régénération des stocks." Pour l'ONG, le rapport de l'Iccat - "115 pages de réquisitoire" - indique sans doute possible "une crise globale de gouvernance."
Le texte, rendu public le 11 septembre, pointe clairement les défaillances des Etats quant aux respects des quotas fixés pour la pêche au thon rouge: la France, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, Chypre et Malte sont les principaux pays de l'UE concernés. En 2007, les quotas étaient de 28.500 tonnes pour l'Atlantique et la Méditerranée, 60.000 tonnes ont été pêchées. C'est-à-dire quatre fois plus que les recommandations de l'Iccat.
Le rapport précise que le non respect des quotas provient "pour une large part de la complaisance des parties à l'Iccat". Les Etats membres de la commission internationale auraient ainsi "constamment échoué dans la fourniture de données précises et ponctuelles susceptibles d'améliorer les dispositions sur le suivi, le contrôle et la surveillance des entreprises de pêche." L'expertise scientifique appelle dès lors à une suspension immédiate des activités de pêche sur le thon rouge afin de protéger la ressource.
Au final, les oppositions entre pêcheurs, experts scientifiques et ONG mettent les Etats membres de l'Iccat face à leurs contradictions. D'un côté, les Etats sont membres de l'Iccat et participent de ce fait à la détermination des quotas à l'échelon international. De l'autre, ils semblent réticents à exercer un contrôle effectif des règlementations. Dans la pratique, ce sont pourtant bien les Etats membres qui sont en charge du contrôle de leur flotte, aussi bien dans leurs propres eaux que dans les eaux internationales.
A titre d'exemple, la France et la Commission européenne se sont dernièrement affrontées au sujet des chiffres communiqués par les pêcheurs français concernant la pêche au thon rouge. En effet, sur base des mêmes déclarations individuelles de pêcheurs français, l'exécutif européen estimait le 13 juin dernier que la France avait atteint ses quotas tandis que le ministère français de l'Agriculture et de la pêche parlait de quotas remplis à 50%.
En octobre, la Commission européenne présentera un plan censé renforcer le contrôle de la pêche. La réforme des contrôles maritimes, la lutte contre la pêche illégale et les rejets de poissons en seront les principaux axes. Les Etats membres de l'Iccat se rencontreront quant à eux du 17 au 24 novembre 2008 afin de déterminer les quotas de pêches pour 2009.
Selon Nathalie Charbonneau, porte parole du Commissaire européen en charge de la pêche, Joe Borg, "le taux de surpêche sur le thon rouge, pour la flotte européenne, fut de 40% en 2007. Un chiffre qui explique en partie la décision de la Commission européenne de mettre un terme à la campagne de pêche dès le 13 juin 2008 (au lieu du 30 juin, date prévue à l'origine, NDLR) afin d'écarter les risques de surpêche pour 2008."
Corinne Lepage, présidente de Cap 21, évoque quant à elle un "rapport accablant de l'Iccat" et appelle à un "moratoire d'un minimum de trois ans pour reconstituer les stocks". La vice-présidente du Modem indique que "le thon rouge est en voie d'extinction totale: il s'agit d'une forme de catastrophe naturelle qui va rendre impossible l'activité de pêche."
De leur côté les pêcheurs français ne cachent pas leur colère et mettent en doute "l'équité" des politiques communautaires. Mourad Kahoul, président du syndicat des thoniers méditerranéens, parle de "génocide de la pêche thonière française." Mourad Kahoul considère que l'on "flingue la pêche française au profit des Espagnols, alors que les bateaux français sont "sur-encadrés" et soucieux de la préservation de la ressource."
Selon le syndicaliste, "la Commission européenne et les agences de contrôle participent à une grande mascarade: des camions de thons espagnols arrivent à Marseille en ce moment avec des certificats Iccat datés du 2 septembre 2008, qu'on ne me parle pas de fin de campagne de pêche espagnole au 23 juin dernier."
Source:la tribune
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