Réputés être des mangeurs d'hommes, on les traque dans l'indifférence. « Les Seigneurs de la mer », un documentaire-événement au cinéma aujourd'hui, dénonce ce massacre et réhabilite les requins.
«LES REQUINS sont les derniers dinosaures de la planète et l'homme est en train de les massacrer. » Dans « les Seigneurs de la mer », un documentaire stupéfiant qui sort aujourd'hui, le biologiste et photographe sous-marin Rob Stewart dénonce l'extermination à grande échelle des squales, traqués dans l'indifférence générale pour leurs ailerons et victimes de leur réputation de « machines à tuer ». Après six ans de tournage, Rob Stewart estime qu'ils sont menacés de disparition et plaide pour leur protection.
« Cent millions de requins sont tués chaque année et, dans cinq ou dix ans, de nombreuses espèces auront disparu », s'alarme le réalisateur, qui rappelle que les requins sont apparus il y a plus de quatre cents millions d'années, bien avant les dinosaures. S'il ne fallait retenir qu'une image du film de Rob Stewart, ce serait cette séquence au cours de laquelle des pêcheurs tranchent les nageoires de requins qu'ils viennent de hisser à bord. Incapables de nager et se vidant de leur sang, les requins sont rejetés à l'eau vivants, condamnés à une mort par asphyxie.
Une chair très prisée
L'aileron de requin (vendu jusqu'à 500 $ le kilo, soit 317 €) est très apprécié en Asie, où il est servi en potage. En France, si cette pratique de pêche est interdite depuis 2003, on consomme aussi beaucoup de requins, leur chair possédant très peu d'arêtes. Sur les étals des poissonniers, on trouve du requin-taupe (dit veau de mer) et de l'aiguillat (saumonette).
« La plupart des populations de grandes espèces de requins ont diminué de 60 à 99 %, estime Bernard Séret, spécialiste des requins à l'Institut de recherche pour le développement. Or les requins ont un rôle essentiel de régulateur de la chaîne alimentaire. » Le déclin de la population de requins a ainsi eu des conséquences inattendues. Comme pour les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques de la côte Est des Etats-Unis. « Comme il n'y avait plus assez de requins pour les chasser, les raies se sont mises à pulluler et à consommer en masse des coquilles Saint-Jacques, d'où un effondrement des stocks », raconte Bernard Séret. Rob Stewart comprend d'autant moins que les requins ne soient pas protégés par la réglementation internationale qu'ils tuent statistiquement moins - 5 morts par an - que les éléphants et les tigres (responsables de 100 décès par an en moyenne).
Le mythe du requin « mangeur d'homme » est pourtant tenace. Sorti en 1975, le film de Steven Spielberg « les Dents de la mer » a marqué des générations entières de nageurs. « A cause du film, beaucoup de gens n'osent carrément plus se baigner en mer », déplore Bernard Séret. « J'ai passé des milliers d'heures sous l'eau avec eux sans jamais être attaqué », affirme Rob Stewart. Son documentaire s'ouvre sur une scène incroyable : entouré de requins sur un fond de sable dans une eau turquoise, le réalisateur entoure de ses bras le corps robuste d'un squale et l'effleure tranquillement de ses mains. Avec la même assurance que s'il caressait un dauphin.
Source:leparisien.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire