mercredi 9 avril 2008



De nouvelles espèces ont été baptisées. Celui-ci portera le nom du volcan qui a permis sa découverte : Piton de la Fournaise.

Rappelez-vous il y a un de ça, la découverte exceptionnelle de poissons "monstrueux" que l’éruption spectaculaire du Piton de la Fournaise avait fait jaillir des entrailles de la mer. Parmi les 400 individus collectés pendant cette période, 47 espèces n’avaient jamais été recensées à La Réunion dont 12 espèces entièrement nouvelles pour la science. La détermination taxonomique des différents spécimens ont nécessité la mobilisation de nombreux spécialistes locaux, nationaux et internationaux, qui se sont joints avec passion à cette aventure incroyable de découverte des océans profonds. Nécessitant un travail fastidieux de description anatomique, qu’il faut croiser avec la bibliographie scientifique existante, les recherches se poursuivent encore à l’heure actuelle, l’ensemble des espèces n’ayant pas encore été complètement identifié.

Un phénomène très rarement observé

Afin de mieux comprendre ce phénomène observé, les scientifiques ont tenté de référencer des évènements similaires à l’échelle mondiale. Or, il s’est avéré que seules 3 références existaient concernant des remontées de poissons suite à des éruptions. Les deux premières concernaient Hawaï en 1920 et 1954, et la troisième les îles Galapagos dans les années 90. Il s’agit là donc d’un phénomène exceptionnel résultant de la conjonction fortuite de nombreux facteurs physiques et biologiques.
Parallèlement à cela, des études bathymétriques du site ont été menées, dans un premier temps, grâce au soutien de la Maison du Volcan qui avait permis l’utilisation d’un matériel d’imagerie très sophistiqué. Une deuxième campagne de relevés réalisée par l’IFREMER et le laboratoire d’écologie marine de l’Université de La Réunion (ECOMAR) avait permis d’affiner les premières études. Ainsi, il a été mis en évidence une géomorphologie particulière avec un relief pentu, entrecoupé d’une petite zone d’accumulation, qui s’étendrait jusqu’à 700 mètres de profondeur. Au vu de ces observations, Alain Barrère de l’ARVAM explique que le "dégringolage" rapide des matériaux basaltiques aurait piégé les poissons dans la zone d’accumulation et que la formation d’une colonne d’eau chaude à courant ascendant aurait permis leur remontée en surface.
En vue d’approfondir les recherches, les partenaires scientifiques locaux, dont l’Aquarium de La Réunion, sont actuellement en pourparler avec l’aquarium Océanopolis de Brest sur le projet d’utiliser un mini-sous-marin, le ROV, afin de filmer les fonds où la coulée s’est installée et d’observer la vie qui s’y est établie.

Une nouvelle espèce symbolique : Symphysanodon pitondelafournaise

Parmi les 12 nouvelles espèces répertoriées, 6 révèlent chacune un genre nouveau, ce qui est, d’un point de vue taxonomique, un fait « rarissime dans le monde scientifique », selon Sonia Ribes, du Muséum d’Histoire Naturelle. Et afin de sceller cette découverte à notre île, une des 12 espèces, dont le genre était connu, porte en son nom l’origine de son émersion, à savoir : Symphysanodon pitondelafournaisei. Le professeur Jean-Claude Quéro, spécialiste ichtyologue de l’IFREMER qui avait été appelé en renfort, et Jérôme Spitz de l’Université de la Rochelle avaient décidé de donner ce nom à l’espèce la plus remarquable, contrairement aux autres espèces nouvelles qui hériteront du nom de leurs découvreurs.
À ce jour, les collections sont partagées entre Paris, la Rochelle, le Danemark et l’Afrique du Sud où des spécialistes poursuivent ce travail d’identification titanesque.
Au final, les spécimens ayant permis de décrire les espèces resteront au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris et les doublons reviendront à celui La Réunion et y seront exposés prochainement.

Preuve du caractère inédit de cette découverte extraordinaire, la presse internationale a grandement couvert l’évènement, à l’instar de revues spécialisées italienne et japonaise. De nombreuses publications scientifiques sont prévues dans le courant de l’année, ainsi que des ouvrages pédagogiques qui, selon Patrick Durville, de l’Aquarium de La Réunion, témoigneront de cet évènement historique pour La Réunion.

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