Si, si, d’une certaine façon ici, ce sont les gros qui prennent soin des petits ! Et plus précisément encore, de leur relation avec un ami végétal : l’acacia. Une bête histoire de fourmis qui montre à quel point chaque maillon de la chaîne est important en Afrique, y compris et surtout les grands herbivores…
Comment imaginer que de gigantesques herbivores comme les éléphants ou les girafes prennent soin de minuscules fourmis lorsqu’ils grignotent quelques feuilles d’acacia ? Pourtant, c’est bien le cas comme l’explique l’Américain Todd Palmer, professeur de zoologie à l'Université de Floride dans la revue Science. Si la nouvelle est plutôt attendrissante, elle laisse entrevoir quelque chose de bien plus inquiétant…
En effet, ces grands mammifères africains sont de moins en moins nombreux - ce qui déjà est très préoccupant en soit – et cette étude démontre que leur disparition progressive entraîne des perturbations inattendues dans la nature… Exemple avec cette longue et belle histoire d’amour entre les fourmis (Crematogaster mimosae) et l’acacia (Acacia drepanolobium). Elle est ce qu’on appelle une symbiose dans laquelle chaque partenaire y trouve son compte.
L’acacia fournit un nid aux fourmis - des cavités dans de grandes épines -, de quoi s’alimenter - un délicieux nectar - en échange de quoi les petites bêtes s’engagent à le défendre contre les grosses : les mammifères herbivores… Aucun problème pour elles puisqu’elles osent mordre sans vergogne les animaux qui posent les lèvres sur les feuilles de leur ami, l’acacia ! Jusqu’ici, rien d’anormal.
Mais voilà que les chercheurs ont constaté un curieux phénomène au Kenya. Depuis une dizaine d’années, afin de protéger des acacias de leurs prédateurs, des hommes les ont entourés de barrières électrifiées. Certes, ça partait d’une bonne intention, mais les arbres semblent avoir mal réagi : ils sont en moins bonne santé que les mêmes « en liberté » ! Ils poussent d’ailleurs moins vite que s’ils avaient été confrontés aux appétits féroces des éléphants et des girafes… Pourquoi ?
En l’absence des grands herbivores, ces demoiselles les fourmis finissent par s’endormir sur leurs lauriers. Fini le rôle de gardiennes combatives, elles se laissent envahir par d’autres espèces d’insectes qui, elles, ne veulent pas du bien à l’acacia… Et pour cause, elles mangent le bois ! Résultat, l’acacia est bel et bien en danger de mort et s’il échappe à son triste sort un temps, il produit moins d’épines, moins de nectar : de quoi perturber l’équilibre fragile de l’univers des fourmis dont le nombre finit par chuter sur l’arbre malade...
Source : Science
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